recent
أخبار ساخنة

La Tribu de Beni Bou Illoul

Période précoloniale et conditions de reconstruction:

Beni Bou Illoul appartient à la tribu des Ait Jlidassen, appartenant à une grande fédération tribale berbère Ait Warain. Les habitants de cette vaste région du Maroc, font partie des anciennes tribus berbères qui habitaient cette région il y a plus de dix siècles.

 


Les ancêtres de Beni Bou Illoul ont fait un long voyage avant leur installation définitive dans la région actuelle. Ils ont émigré de la banlieue de Fès suite au massacre de Moussa ben Abi Elɛafia et ses partisans contre les fils de Moulay Idris 2 après la mort de ce dernier. La situation des Idrissides s'aggrave et ils quittent Fès et se dispersent dans diverses régions du maroc. Certains d'entre eux se sont installés dans les tribus berbères du moyen Atlas comme la région montagneuse escarpée inaccessible de Beni Bou Illoul. Leurs mausolées existent encors de nos jours dans la région bouylouliène (H. Idrissides).

Appartenance et vie religieuse:

Le premier venu au Maroc, issue de l'imam Ali ben Abi Taleb, c'est El Mawla Idris ben Abdellah El Kamel, selon le consensus des auteurs qui ont écrit sur l'histoire du Maroc après l'émergence de l'islam, certains documents confirment que les Ait Bouyloul appartiennent à cette source d'honneur d'une branche d'Idris depuis leur installation dans cette région éloignée. Les habitants de Beni Bouyloul ont un niveau de culture assez élevé comparé à leur voisins, cela est dû au rôle scientifique joué par les mosquées du village, ainsi l'enseignement coranique et la diffusion de la culture religieuse islamique, ce qui leur permet de gagner une réputation, un grand honneur et le respect total dans leur environnement social.

Le lierre et la mémoire:
Le lierre (chaoulou): c'est une plante vivace abonde dans la région de Beni Bou Illoul, il pousse souvent sur la partie inférieure des falaises à proximité de la vallée, et selon les croyances dominantes des Ait Bouyloul, que la consommation de ses baies renforce et améliore l'énergie de la mémoire (Laɛqual), pour cette raison, il a été utilisé par un certain nombre d'étudiants du Coran, mais cette croyance est fausse, elle n'est pas basée sur aucune étude scientifique, il faut éviter cette plante, car il existe des types toxiques inconnus qui peuvent entraîner des conséquences insupportables.


Situation sociale et qualifications touristiques:

La tribu de Beni Bou Illoul appartient à une région montagneuse pauvre a accès difficile, qui s'étend de Bou Yablan à Bou Nacer, cette région oubliée qui continue de vivre dans un grand isolement au niveau économique, social et culturel, ce qui lui a fait manquer d'un ensemble de nécessités de vie d'infrastructure et des moyens de subsistance. Elle a besoin d'un développement réel qui accorde une grande attention à la vie privée et à la nature de la communauté et qui procède de son potentiel naturel et humain. L'aspect naturel est aussi important que ce qui précède. Personne ne peut nier l'avantage de cette région des autres voisines en termes de sa richesse forestière et certains animaux sauvages. Elle a également une gamme de qualifications touristiques telles que les montagnes, les collines, les grottes, les vallées, les rivières, les sources d'eau et autres. C'est une belle région naturelle caractérisée par un produit local agricole de bonne qualité (bio).

Situation géographique:

La tribu de Beni Bou Illoul a une altitude de 1887 mètres. Elle est située dans le Moyen Atlas au pied de Jbel Bounacer. Elle appartient à la province de Guercif (ex. province de taza). Elle occupe une contrée difficilement accessible à l'extrémité sud-ouest de l'importante tribu des Aït Jellîdassen. Elle voisine à l'ouest avec les Aït Lahcen, au sud avec les Aït Hassan et Oulad Ali Youssef.


Frontières:


La tribu de Beni Bouyloul est située dans la chaîne montagneuse au nord-est du Moyen Atlas, occupant une zone importante à l'extrême sud-ouest de la tribu Aït Jlidassen. Elle est bordée à l'est par Beni Meqbal, à l'ouest par Ait Lahcen, au nord par Beni Bourais, au sud par Ait Hassan et Oulad Ali Youssef.

Dans le passé, l'intolérance tribale s'est propagée et étendue aux zones frontalières, provoquant des conflits et des affrontements entre les villages voisins autour des terres agricoles et pastorales, et c'est pourquoi les anciens représentants de ces villages se sont réunis sous l'autorité du colonisateur français, dont sa politique est apparue comme une organisation sociale pour délimiter les frontières dans les parties contestées, et il a été décidé lors de cette réunion que la zone territoriale de Beni Bou Illoul s'étend le long de la crête des montagnes environnantes (la ligne de partage des eaux) au point central (lieu de résidence), c'est une vaste région,  cela a été confirmé par les notables et les anciens de la tribu.

  • Des conflits avec les villages voisins ont déjà eu lieu en raison de la tentative de s'emparer des terres près de la frontière, ou empiètement sur les parcours, et ou la coupe des cèdres. 
  • Des incidents douloureux se sont produits entre les éleveurs sur les pâturages de Taïzirt, qui est une zone pastorale commune des Ait Jlidassen, Taïzirt est une source de conflits entre les éleveurs nomades, c'est une plaine steppique, aride et désolée, la végétation courante de la steppe sont les touffes de retem. 
  • Les Beni Bouyloul autrefois établis en territoire Marmoucha, un conflit violent s'est produit entre les Beni Bouyloul et les Beni Bhar qui a coûté la vie d'un grand nombre de morts de ces derniers, suite à cette catastrophe humanitaire, les Beni Bouyloul ont formé avec les Beni Bhar en territoire Ait Jlidassen une zone indépendante «Tsibekt», et depuis cette époque jusqu'à nos jours «Tsibekt» est devenue une zone indépendante limitrophe entre les deux parties. 

Ait Bouyloul et villages voisins

Nature géographique:

  • Type:zone tribale. 
  • Coordonnées géographiques: Latitude: 33°33’38"N. Longitude: 3°58’38"W. Altitude: 1887m (6191 pieds). 
  • Montagnes:50% (estimé). 
  • Collines:30% (estimé). 
  • Plateaux:20% (estimé). 
  • Exploitation agricole: moins de 7% dont presque 2% irriguée (estimé). 
  • Superficie des arbres forestiers:1403 ha. (forêt domaniale) 
  • Statut foncier: Terres agricoles et parcours: collectives. Terres forestières: domaniales.
  • Les différents types de sols existant sont comme suit :
          - Sols minéraux bruts d’érosion et sols peu évolués d’érosion.
          - Sols calcimagnésique qui se développent sur roche calcaire.
          - Sols brunifiés caractérisée par un humus de type mull.
          - Sols fersiallitiques.

Forêt de Tamjilt:

La forêt de la commune rurale de Tamjilt comprend une superficie forestière de 19512 hectares divisée en 8 sections, qui sont les suivantes:
  • Bouzakarne: 5 700 hectares.
  • Bouzamour: 4 260 hectares.
  • Sif Oulout: 3 435 hectares.
  • Lalla Mimouna: 2 518 hectares.
  • Tazizaout: 1 554 hectares.
  • Bni Bouyloul: 1 403 hectares.
  • Tzoulte: 564 hectares.
  • Tizi Mokran: 78 hectares.
- Cèdres: 7 000 hectares, soit une proportion importante d'environ 36%.
- Pins, chênes verts et autres variétés mineures: 12 512 ha. (Service des eaux et forêts, 2015).


La forêt est un patrimoine naturel et culturel pour les habitants de cette région, ainsi que le rôle qu'elle joue au niveau écologique, économique et social. Malheureusement les arbres de la forêt ont été soumis à une grave attaque d'épuisement, suite aux actes destructeurs tels que des coupes et pillages, en particulier les cèdres dont la superficie a fortement diminué à cause de ces actes subversifs.

Groupes résidentiels:

Le village de Beni Bou Illoul est situé au pied de Jbel Bounacer, qui est à 3326 mètres d'altitude. Il est composé d'un groupe de maisons proches les unes des autres, permettant aux habitants de ressentir la sécurité, la tranquillité et de ne pas se sentir seuls. La solidarité, le bon voisinage, la parenté et d'autres liens sociaux prévalent entre eux. Le choix de lieu de résidence s'explique par deux raisons principales : la première étant économique, qui se traduit par l'attribution de terrains plats aux activités agricoles, la seconde est la sécurité, qui est la recherche de hauts lieux de surveillance, de sécurité et de faire face à toute éventuelle pénétration étrangère.

Beni Bou Illoul est composé de deux principales entités (2douars=2hameaux): Agharm Amaqran et Tassecht, ils comprennent 84 foyers dont 50 à Agharm Amaqran et 34 à Tassecht. La population est estimée à 947 personnes selon le recensement officiel de la population et de l'habitation 2004. Les racines de chaque famille descendent dans le tissu de la société bouylouliène à trois niveaux: maison, dynastie ethnique et tribu. Une maison et une dynastie ethnique qui contient plusieurs maisons familiales dans lesquelles ils appartiennent à un ancêtre. 

Ces deux entités contiennent dix groupes ethniques dont les habitants sont Aït Assaddiq, Aït Bouzayan Ouhadou, Aït Bouzayan Ouɛmar, Aït El Ayachi, Aït Yaɛqoub, Aït Moussa, Aït Abdelkhalek, Aït Abdeslam, Aït Bouramdan et Aït Ben Zeryah. Certains habitants du douar Aghrame Amaqrane se sont installés dans des résidences secondaires dite Tidmamine et Sassoule. Les habitants de Beni Bou Illoul ont un aspect ethnique et social très distinctif, ils se distinguent nettement des autres types ethniques de la région.

Climat: 

  • Température moyenne maximale: 27.7°c. 
  • Température moyenne minimale: entre -3°c et -7°c. 
  • Pluviométrie moyenne annuelle: 600 mm. 
  • Nombre de jours pluvieux annuel:70 jrs. 



Les montagnes de la région semblent plus hautes, représentant une chaîne élevée qui ferme l'horizon avec ses sommets qui retiennent la neige tout au long de l'année et ses contreforts couverts de forêts. En hiver se produisent des périodes de froid vif, accompagnées de chutes de neige abondantes et de multiples intempéries qui provoquent un impact négatif sur la région, les érosions des terres, les dommages aux bâtiments et aux exploitations agricoles, les maladies respiratoires, les gonflements des doigts, les fissures cutanées (inzla), douleur des lèvres gercées et rougeur du nez, les habitants grelottent de froid, le blocus du tout, l'isolement des habitants les uns des autres, chacun dans son abri guérit ses blessures avec patience, ils ne quittent pas leurs maisons jour et nuit, ils restent toute la journée autour du feu pour se réchauffer, ils supportent toute leur souffrance avec patience, c'est vraiment une bataille acharnée contre ce froid glacial (assammit), ils se battent avec leur force intérieure basée sur la détermination, la patience et la solidarité, la situation se poursuit jusqu'à ce que les nuages soient partiellement dégagés, et tout le monde se réjouit de ce soulagement temporaire.
Et dès qu'il y'a une accalmie, les résidents sortent de leur maisons pour se réchauffer au soleil,  surtout les personnes âgées, assises dans des endroits ensoleillés à côté des murs (tsammart), et autres aussi s'affairer à leurs tâches quotidiennes pour gagner du temps et ne pas rater cette opportunité, et donc le contraste étonnant dans cette contrée bien aimée entre le gel, le froid et la tempête qui peuvent sévir un jour, alors que le lendemain, le soleil revient et ramène la chaleur fraiche et la joie de vivre, c'est ainsi que les jours de Beni Bouyloul passent en hiver, c'est une tragédie qui se renouvelle chaque année.
Mais n'oublions pas que la neige joue un rôle efficace pour améliorer la végétation, alimenter les réserves d'eau souterraines et augmenter le niveau d'eau des sources destinées à l'irrigation et à usages domestiques.

  • Le climat est très rude chez les Ait Bouyloul, la neige y demeure du mois octobre à mars, les habitants vivent dans un milieu isolé et absence de toutes installations vitales.
  • Souffrance du trio silencieux: le besoin social, la cruauté de la nature, l'isolement et fragilité des infrastructures.
  • (Abrid et Elbard): la route et le froid sont les principaux problèmes de la population bouylouliène, parce qu'ils souffrent du climat rigoureux et du blocus qu'ils ont subi dans cette région éloignée, leur principale préoccupation est la route (Abrid) qu'ils considèrent comme le seul moyen de sortir de l'isolement.
  • Bois de chauffage, quantité de grains, vêtement de laine et solidarité sont indispensables pour dépasser ces temps critiques avec minimum de pertes.

Réseau Hydrographique: 

Un seul immense bassin de réception dont toutes les eaux pluviales sont drainées par un collecteur unique, le Zobzit, sous affluent de la Moulouya par le canal du Melloulou. Le Zobzit prend naissance au village de Berkine de la réunion au Sif Ait Bounsar du Sif Ait Mansour dont le cours supérieur porte le nom de Sif Oulout (la Rivière du Limon).(Sif=rivière). L'oued Melloulou est le plus important des affluents de la Moulouya car il lui fournit plus de 40% de son débit.




carte réseau hydrographique

Lieux administratifs: 

  • De la commune rurale de Tamjilt, à distance de 15 km environ. 
  • Du caïdat de Berkine, à distance de 50 km environ. 
  • Du cercle et province de Guercif, à distance de 150 km environ.


Réseau routier local:

  • La route provinciale n°5125 qui relie Bni Bouyloul et Tamjilt sur une distance de 16 km est non revêtue.




  • La route provinciale n°5125, reliant Bni Bouyloul et Oulad Ali Youssef n'est pas ouverte dans le premier tronçon qui la relie au douar Timitar (tribu Bni Hassan) sur une distance de 10 km, quant au deuxième tronçon, qui relie Timitar et Oulad Ali Youssef à 10 km il est déjà ouvert à la circulation et non goudronné. Et lorsqu'elle sera préparée et ouverte dans le premier tronçon qui la relie à Timitar elle deviendra comme l'une des routes les plus importantes adoptées dans la région pour délier l'isolement et faciliter la circulation des personnes et des marchandises.
  • La route provinciale n°5125 est reliée à la route régionale n°502 dans le tronçon reliant Almis Marmoucha à Outat El Haj. Le centre Outat El Haj est le seul centre urbain près de leur zone où tous les services sont concentrés.
  • La route provinciale n°5125 est le seul point d'accès au nord et au sud de la région Bouylouliène pour les déplacements, les achats et les tâches administratives.


Agriculture:

Aperçu général sur l'agriculture:

Les terres exploitées sont des terres collectives, gérées par les chefs de famille, constituées de terres de parcours et de terres cultivées, sont souvent des terres fragiles, présentent un système agricole dominé par les céréales, La céréaliculture et l’élevage constituent des secteurs de subsistance caractérisés par l’utilisation du savoir-faire traditionnel et l’élevage extensif principalement d’ovins et caprins. Le mode de faire valoir est direct, le propriétaire de la terre gère directement sa propriété seul ou avec l'aid de la main d'œuvre familiale. Le labour à l'araire tracté par deux mulets (tjouja) est la technique la plus usitée sur les terres agricoles, et dans un terrain rocheux, ils utilisent des moyens manuels comme la pioche ou la sape (ayazim, aljoun). La limite parcellaire est matérialisée au sol par de simples petits blocs de pierres dite (ajrour yamra).

Le labour des terres agricoles se caractérise par des actions sociales et solidaires comme suit:
1-Si un individu possède deux mulets, ce qu'on appelle (Tjouja), il peut labourer lui-même sa terre avec l'aide des membres de sa famille.
2-S'il ne possède qu'un seul mulet, il participe avec quelqu'un comme lui, et ils labourent leurs terres alternativement un jour pour lui et un jour pour l'autre, c'est ce qu'on appelle (Anj phosse).
3-S'il ne possède aucun mulet, ses voisins lui tendent la main pour travailler sa terre dans le  cadre de l'opération (Twiza).
4-S'il est seul, un coup de main lui est tendu de la part de ses voisins ou d'autres personnes, car la société Bouylouliène est une société fraternelle, et ce processus est appelé dans le dialecte local (Elphosse).
Ce sont des coutumes sociales volontaires qui reflètent le concept d'entraide basé sur la  synergie, la coopération et l'interdépendance entre les membres de la communauté Bouylouliène.

Les mulets (issardan) sont très utiles aux activités des paysans. Ils sont des énergies auxiliaires pour les différents travaux agricoles et autres. Ils sont des animaux puissants. Ils peuvent accéder à des terrains accidentés comme des espaces montagneux et forestiers. Ils constituent une énergie animale plus efficace pour les travaux des champs. Ils améliorent la productivité du travail humain. Ils jouent un rôle important pour le transport des personnes et divers produits agricoles. Les ânes (ighial) contribuent également au transport de divers matériaux agricoles et autres tels que le fumier, les récoltes, l'eau et le bois à usage domestique. Leur utilisation est liée à des facteurs qui relèvent du milieu naturel (sol, climat, relief). 
Lors d'achat d'un mulet ou d'une mule (assardountassardount) soit au souk ou chez un vendeur quelconque (assabab), le choix d'achat se base sur les critères suivants: l'état corporel de l'animal, race locale, dressé, apte au travail et au transport, l'âge est déterminé par examen dentaire, bonne vue et bonne ouïe, la rusticité, la docilité, le calme, la monte, absence de blessures et boiterie, etc.... Le mulet c'est un animal particulier, il reste toute l'année à proximité de son propriétaire. Il nécessite une bonne alimentation, car il fournit un effort important en période des travaux, son alimentation est toujours été gérée et contrôlée. Il a besoin d'un kilogramme de fourrage concentré (orge) en plus de l'herbe et du foin. Il consomme chaque nuit une quantité d'orge grain dans un petit sac attaché à sa tête (taɛalaft).

Malheureusement, la souffrance se produit au travail, les plaies apparaissent souvent au zone de frottement (tfidi), cela est dû à une utilisation intensive des mulets pendant la période des travaux agricoles, et aussi au surcharge des produits transportés. Les parasites externes (mouches, tiques, gale, poux) provoquent aussi des maladies cutanées, sachant que l'étable (ziouacht) est un abri clos des animaux domestiques destiné pour la fumure animale, c'est un lieu sale, malpropre, sombre et non aéré, convient aux développement des insectes, parasites et autres.

Dans l'agriculture traditionnelle l’outillage est réduit, une araire, une houe et une faucille sont les principaux outils de travail chez les paysans. Le labour par la charrue araire est médiocre et peu efficace à sillons faibles et légers sans retourner la terre, La profondeur du labour est limitée à environ 10 cm dépend fortement du type et de l'état du sol, méthode de labour traditionnel sans retourner le sol, le labour reste médiocre et se fait après le semis direct, parfois le semis à la volée des céréales s'effectue sur les sols gelés, la semence locale utilisée (anciennes variétés) est de qualité médiocre et mal semée, taux de germination est faible, tallage, montaison et remplissage des grains sont aussi faibles.

Parfois dans le secteur bour, après le labour et l'ensemencement des grains de blé et d'orge, le temps change d'un coup, soudain un froid intense se produit, accompagné de violentes tourmentes de neige, ce qui rend la récolte espérée se trouve en partie compromise, par suite du gel intérieur des grains abandonnés, presque à nu dans les légers sillons de la charrue araire. 

Absence de la fertilisation minérale et le fumier de la ferme reste insuffisant, d’une manière générale, les sols sont pauvres en matière organique, cette pauvreté est dûe au manque de stabilité structurale de la plupart des sols sous l'influence du ruissellement des eaux de surface (pluies et neiges), Les terres montagneuses en pente sont peu fertiles, car elles perdent souvent des matières minérales et organiques en raison des cours d'eau de surface, en plus de l'érosion des sols, et pour cette raison, il est souhaitable de remplacer les céréales par des arbres fruitiers adaptés au climat de la région. les pratiques anti-érosives mal conduites, les sols présentent une pauvreté assez généralisée en azote, en acide phosphorique et autres éléments minéraux. Aux limitations importantes présentées par la géographie de la nature, la rudesse du climat qui est très froid en hiver et l’érosion viennent s’ajouter un certain nombre de caractères défavorables sur les sols et les cultures installées, ils limitent l'activité biologique, il n'y a pas d'alternative, ce sont des conditions difficiles imposées par la nature.

Les techniques culturales sont faibles et moins adaptées ,telles les labours dans le sens de la pente qui est parfois assez forte menacée par l'érosion, la profondeur réduite dans certains sols constitue un obstacle à une mise en valeur, les façons culturales se réduisent, en fait au désherbage manuel de printemps. Absence des traitements fongiques et insecticides à tous les stades de développement de la plante.

En bour (zone agricole cultivée en sec ou cultures pluviales dites "bour" au Maroc), les assolements, labour précoce et le déchaumage n’existent pas, l'assolement est dominé par les céréales, les céréaliculteurs cultivent céréale sur céréale, la terre reste en jachère pendant l'hiver. La prédominance des superficies agricoles utiles réduites et l’utilisation des variétés locales rustiques mais à faible rendements. Le battage des céréales est effectué par le piétinement des mulets sur un lieu aménagé destiné pour cette opération appelé (anrar). La durée de la période de récolte et les opérations qui suivent entraînent des pertes en raison de divers processus manuels. Les rendements obtenus sont faibles, oscillant en moyenne de 5 à 9 qx/ha, soit 4 à 7,5 sachou/ha. Le sachou (tallis) a une capacité de 120 kg. La production céréalière obtenue est basée sur les techniques agricoles utilisées, le type de sol, les précipitations et la superficie des terres cultivées. La quantité et la qualité des produits sont médiocres. D’une manière générale les céréales représentent les cultures dominantes, ce qui confirme l’aspect vivrier et la tendance à l’autoconsommation plus répandue à cause de son double usage dans l’alimentation humaine et animale, c’est le type d’exploitation traditionnel des terres agricoles.

Les céréales sont pratiquées essentiellement en zone bour «iharouquan», et elles sont minoritaires en zone irriguée «tamourte n'tarja=lawlajt». Le processus de récolte est d'une grande importance car il représente le fruit d'un effort de pleine saison d'attente et d'anticipation de la part des agriculteurs et des éleveurs, la récolte manuelle utilisée se fait généralement de deux manières:
1-Récolte manuelle avec la faucille si les tiges de blé et d'orge sont longues.
2-Récolte manuelle par l'arrachage manuel au ras du sol si leurs tiges sont courtes. (il s'agit d'un processus courant dans la région bouylouliène, ces plantes courtes et faibles sont appelées dans le dialecte local "bouzoubaâ"). Le travail féminin est partagé avec d'autres tâches que celles de la cuisine, comme la moisson, la nourriture et le soin du bétail, la corvée de bois et l'eau potable. C'est ce qu'on appelle l'agriculture familiale des petites exploitations.

Les céréales d’orge, de blé et de maïs sont produites une fois par an et leur utilisation s'étaient sur toute l'année, d’où la nécessité de les conserver. les grains sont stockés dans des sacs placés dans des chambres au sol ou dans des entrepôts de taille moyenne en bois de cèdre à l'intérieur de la maison dites (tikhouzan, sing.: takhzant). La céréale qui a été dépiquée sur l’aire à battre (anrar) et vannée au vent, est généralement transportée dans des sacs (issachan, sing.: sachou) à dos de mulets vers les résidences, et après avoir été purifié des impuretés elle est prête à être moulue, il existe deux types de moulins, moulin à main et moulin à eau, Le village contient sept moulins à eau installés à cheval sur une rigole d’irrigation, en plus chaque maison contient un moulin à bras, il est fixé au sol dans un lieu près de la cuisine. (la mouture=izid)
Le processus de préparation des céréales (orge, blé) est divisé en deux étapes principales: La première étape commence par l'opération de battage, suivi des travaux de nettoyage-triage, pilage, vannage, broyage-mouture et tamisage-blutage et se termine par une farine non fine prête à pétrir. La seconde phase commence au moment de la consommation qui groupe les opérations de pétrissage, fermentation, façonnage et cuisson pour préparer toutes sortes de plats selon les besoins du jour de chaque famille. Les céréales constituent la base du régime alimentaire des populations rurales, elles constituent l’essentiel des repas journaliers, comme le couscous avec le petit lait ou avec un bouillon, le pain est mangé avec du beurre fondu, du thé ou un tagine de légumes,etc.... Le pain d'orge est le plus courant dans les régions montagneuses.
 
Beni Bou Illoul se caractérise par des produits alimentaires naturels qui ne contiennent aucun produit chimique, car ils reposent sur l'ancien style d'agriculture, et ils sont intéressés à élever des ovins et caprins dans les pâturages naturels pour fournir du fromage, du beurre et tous les dérivés du lait de manière naturelle et saine (bio). 

C'est notre terre=tamourte, tout y est caractérisé par la simplicité, sa terre, ses habitants, ses produits agricoles, son environnement, elle ne lésine pas sur nous, elle nous a donné tous ses produits naturels purs et simples, ses habitants vivent dans une atmosphère de calme et stabilité avec coopération, satisfaction, contentement et spontanéité.

Secteur irrigué: 

Beni Bou Illoul appartient à la commune rurale de Tamjilt sous la direction de Berkine, elle est riche de sa diversité géographique naturelle, il traverse ses terres agricoles une vallée dans laquelle l'eau des sources coule toute l'année appelé «Aϊn Oujmir» à «Imi Ntaghuecht» et source «Aϊn Ait Wada» à «Aschlou» au dessous du douar Tassecht, avec d'autres sources secondaires de la montagne, l’alimentent en eau potable et irrigation des parcelles situées sur les deux côtés de la vallée. Elle se caractérise par ses potentialités considérables d'irrigation à proximité (oued, sources). Le mode d'irrigation utilisé est gravitaire par saguia (tarja). La «Saguia=Tarja» est un fossé en terre battue, elle perd beaucoup d'eau par infiltration au fond et débordement au passage des ravines. Les terres irriguées représentent un faible pourcentage de la superficie totale des terres arables.



Le secteur agricole de Beni Bou Illoul se caractérise par sa nature limitée comme le reste des villages voisins, parce que son domaine agricole est étroit en raison de la nature de sa topographie géographique, cela montre la propagation de petites propriétés des terres agricoles irriguées, ces petites superficies agricoles des plus hautes montagnes comme celles de Beni Bouyloul n'atteignent pas le niveau d'une unité économique, c'est un moyen de subsistance agricole familial à faible rendement, c'est une agriculture de subsistance qui leur est imposée par les circonstances de la région. 

Les habitants de Beni Bou Illoul vivent de deux ressources principales:

1- La céréaliculture:

L'économie des régions rurales est centrée sur les activités agricoles. La céréaliculture est l'élevage représentent les principales activités de l'agriculture, ils font l'objet de soins constant, les habitants de Beni Bouyloul dépendent de cette agriculture de subsistance traditionnelle qu'ils pratiquent chaque saison, en particulier dans le secteur bour (iharouquan). L'orge occupe la première place et constitue une des bases principales de l'alimentation. La possession de la terre et du cheptel est un signe de la richesse. 



Le secteur irrigué (lawlajt) se caractérise par ses limites et son champ agricole étroit, ce qui conduit à la diffusion de petites exploitations. Ainsi, nous constatons que l'agriculture pratiquée dans la montagne est l'activité dominante et principale source de nourriture dans les zones montagneuses comme celle de Beni Bouyloul. Ce sont des cultures vivantes telles que la culture des céréales qui ne couvre pratiquement pas les besoins essentiels de leurs familles, cela est dû au climat froid et rigoureux de la région qui a un impact majeur sur le secteur agricole, cela se manifeste en retardant toutes les phases du cycle naturel liées au semis, à la croissance et à la maturité des différentes cultures utilisées, il affecte le sol, les plantes, l'eau et nombreuses activités humaines et animales qui limite leur efficacité.

Mais malgré la souffrance de la nature cruelle, la majeure partie de la population a également pu ameliorer sa situation économique et sociale, grâce à des ressources extérieures, notamment les salaires des "Fouquaha" des mosquées, les emplois publics, la pratique du commerce, de l'agriculture, de la menuiserie et autres professions dans les lieux où ils ont émigré pour vivre dans une atmosphère de sécurité et de stabilité.

2- L’élevage:

Les terres de parcours représentent une part considérable de la superficie totale, qui favorisent le développement d'un élevage extensif d'ovins et caprins, l'élevage extensif d'ovins qu'ils pratiquent en transhumance entre les plateaux de la haute Malwiya en hiver, et retour vers la région montagneuse en été. Les caprins ne sont pas inclus dans ce système, quand la neige tombe, elles restent avec les bêtes à l'étable à consommer le fourrage préalablement engrangé, et aussi les petites branches coupées pleines de feuilles de chênes verts utilisées comme le fourrage vert pendant cette période critique, c'est une opération qui nécessite un grand effort effectué par des courageux du village (iɛariman) pour aller les chercher dans la forêt quand il ya un blocus à cause d'une tourmente de neige, (nom de ce fourrage dans le dialecte local: Adarn). Le pâturage s'effectue aussi sur les chaumes des céréales moissonnées (Lahsida). En général les aliments des animaux de l'exploitation proviennent en grande partie du système de culture (résidus de récolte, jachères, etc.). Les vaches, les mulets et les ânes sont également soumis à un système de pâturage spécial appelé (Twala), auquel participent un certain nombre de familles en fonction de la taille du troupeau et en alternance, chaque famille désigne un de ses membres pour faire cette tâche collective, mais cette habitude a disparu comme d'autres coutumes en raison de la migration.




Transhumance hivernale:

En hiver, contrairement aux Aït Jlidassen, les Beni Bouyloul ne transhument pas en famille, mais chaque famille confie son troupeau à un berger «Amayssa», car souvent, ce sont les seuls bergers transhumants qui quittent le village pour se disperser dans les plateaux de la haute Malwiya en quête des pâturages propices pour les troupeaux.

Le berger est un homme jugé digne de confiance, il se distingue par le calme, la patience et l'assiduité pour conduire et protection contre la prédation. Il travaille beaucoup dans le silence. Il est capable à la surveillance du troupeau jour et nuit. Il a des connaissances et un savoir-faire dans la gestion du troupeau tel que l’agnelage, la garde des brebis laitières et des nouveau-nés, la tonte de la laine, la traite, la confection du beurre et le langage des brebis, etc.... Il est autonome et solitaire, il est toujours plus loin, il passe des jours et des nuits avec le troupeau dans cette zone désolée. Il est responsable du troupeau lors d'une saison hivernale ou plus selon l'accord conclu avec les parties concernées. Les chiens sont mêlés au grand troupeau assurent la garde et la protection. 

Le berger transhumant est accompagné d'un jeune homme ce qu'on dit «Ardif», qui va assurer la garde des brebis laitières, des nouveau-nés, des moutons malades et le ravitaillement de la tente isolée en transhumance, on dit «Laɛzib», il fait partie des familles participant au système pastoral, accompagne et aide le berger pendant des jours, selon le nombre de têtes de troupeau que chaque famille possède et en alternance. Certaines familles pratiquent la transhumance hivernale par une partie de ses membres sans recourir à un autre berger, on dit «Rhil».

La possession du cheptel (ovins et caprins) est comptabilisée par l'unité «ite»/foyer, (ite, pluriel: ittan), «ite»: c'est une dizaine de femelles à l'âge de procréation, (exp: 3 ittan = 30 femelles de brebis ou de chèvres à l'âge de production). Le berger reçoit chaque année en échange de son travail une récompense qui comprend généralement un agneau ou un chevreau sur 10 agneaux ou chevreaux selon l’augmentation de la valeur du troupeau, et en plus il reçoit les vêtements en laine «Tachardouɛt, Tachbart, Tajalabt, etc.» et de la nourriture. 

Le berger est souvent en situation de travailleur isolé. Il porte toujours avec lui son matériel personnel tel que le couteau, le bâton, la nourriture et autre. L'abri du berger est une tente mobile a tissé sombre «Takhamt». Souvent, ses affaires sont transportées à dos d'âne en se déplaçant vers d'autres lieux pastoraux.  Il porte sa nourriture dans un petit sac tissé en laine «Aɛdil», et un petit bidon en plastique (Tatnbourt) couvert d'un tissu épais servant à conserver la boisson (eau à boire) au cours des déplacements. À chaque sortie aux pâturages il porte un bâton «Taɛaquazt» à la main ou sur l'épaule pour guider le troupeau, et au retour le soir, le troupeau est rassemblé dans des enclos traditionnels «Assansou» effectués en pierres sèches ou en branches des petits arbustes épineuses à l'air libre. Il est responsable du troupeau dans le temps et dans l'espace.




                   muret de pierres sèches 

Le pain de berger est un pain rond qui est cuit sous les braises et les cendres chaudes qu'on dit «Akhdoul». Le pain "Akhdoul", le lait, le petit lait et le beurre étaient l'alimentation des bergers transhumants. Et durant cette période hivernale, ils reçoivent leur provision alimentaire des éleveurs concernés en alternance, notamment la farine d'orge ou de blé qui est conservée dans un sac de peau (Taylouhte) dite «Laɛouine oumayssa».


Calendrier des travaux agricoles:

  • Février: Labour en zone bour et irriguée pour semer le blé et l'orge, c'est un semis précoce des céréales qui sont dites «amenzou». 
  • Mars: Plantation des légumes dans le secteur irrigué.
  • Avril: Sarclage des champs de blé et d'orge. 
  • Mai: Entretien des cultures de printemps, on prépare également le terrain réservé aux semences de maïs. Le maïs ainsi semé tardivement s'appelle «mazoûz». 
  • Août: C'est l'époque de la moisson des céréales en zone bour et irriguée. 
  • Septembre: Dépiquage et vannage des grains ainsi récolte des Légumes. 
  • Octobre: C'est l'époque de la moisson du maïs. Le cycle annuel se ferme en fin octobre avec le retour de la période des labours en février. On laisse reposer le sol pendant tout l'hiver jusqu'à l'arrivée du printemps.

En résumé: l'économie de Beni Bou Illoul est basée essentiellement sur l'agriculture (céréales et légumes destinés à l'autoconsommation) et l'élevage (caprins et ovins qui s'alimentent par pâturage dans les parcours et forêts à proximité).

Organisations professionnelles:

  • Cinq coopératives apicoles.
  • Une coopérative du bois.
  • Une association de développement et affaires sociales.

Migration:

Beni Bou Illoul souffre du dilemme de migration en raison des conditions de vie difficiles. Les habitants sont souvent à la recherche d'un emploi dans d'autres endroits appropriés pour trouver un abri qui offre tous les éléments de vie sociale pour se réunir et vivre en paix et en sécurité. Ce sont des motivations personnelles qui les poussent et les obligent à émigrer à la recherche d'un travail, d'un lieu propice à la stabilité et à une vie décente. Ils se sont trouvés obligés et non choisis en raison du chômage, de la pauvreté, de facteurs naturels, du manque de services sociaux et d'une production insuffisante pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Causes de migration:

  • La faiblesse des infrastructures socio-économiques. 
  • Problème de l'enclavement.
  • Absence d'opportunités d'emploi.
  • Absence de l'encadrement et faible organisation.
  • Absence de soutien agricole.
  • Absence de scolarité.
  • Taux de chômage très élevé, notamment auprès des jeunes.
  • La pauvreté et le chômage restent très endémiques, c'est la raison qui pousse les habitants du village à émigrer à la recherche de travail et vivre en milieux urbains. 
  • Absence des moyens de production.
  • Absence de moyens de transport et de communication.
  • Absence d'association et coopératives de production.
  • Difficulté d'exploitation des terres agricoles, (problème de climat et relief).
  • Terrain accidenté et climat de la région est très rude.
  • La taille des exploitations agricoles est fortement réduite.
  • L'érosion des sols ( pluies, inondations,neige).
  • Les revenus faibles et peu diversifiés pour les agriculteurs. 
  • La pauvreté et la dégradation des ressources naturelles.
  • Détérioration des infrastructures et conditions de vie. 
  • Difficulté à vivre dans un écosystème fragile.
  • La vallée est pourvue en eau des sources toute l'année, souvent dévastée par le débordement ou l'érosion pluviale, les terres inondées sont aussi dévastées.
  • L'absence d'une politique publique orientée vers le développement des régions montagneuses.
  • L'absence du fond de développement rural et régions montagneuses.     
  • Manque de dialogue, de communication et de responsabilité (démocratie participative).
Pour ces raisons impérieuses, le phénomène d'exode rural vers les agglomérations urbaines s'est propagé .

Éléments clés pour le développement de la région:

La tribu de Bni Bouyloul est l'une des régions montagneuses du Moyen Atlas qui manque de plusieurs éléments de base pour son développement, à savoir:
  • Le renforcement et le revêtement de la route provinciale n°5125 reliant Tamjilt et Bni Bouyloul à une distance de 16 km, et en plus il est nécessaire de construire la route dans le premier tronçon, qui relie Bni Bouyloul et douar Timitar (tribu Bni Hassan), il est encore suspendue jusqu'à présent, sans aucune intervention des autorités concernées, en ce qui ccerne le deuxème tronçon reliant Timitar et le centre Oulad Ali Youssef est déjà ouvert et non goudronné. 
  • Répondre aux besoins essentiels de la population. (la chèvre ne mange que là où elle est attachée. "proverbe africain").
  • Amélioration des conditions de vie et des moyens d'existence de la population.
  • Développement de la production végétale  pour diversifier les revenus des agriculteurs.
  • Développement des produits locaux.
  • Développement de la filière fruitière adaptée au climat de la région.
  • Gestion stratégique pour le développement durable.
  • Valorisation des ressources naturelles.
  • Création d'autres organisations professionnelles.
  • Fournir aux coopératives les moyens nécessaires à l'apiculture, au conditionnement et à la mise en conserve pour améliorer les méthodes de production et de commercialisation.
  • Encadrement et formation continue pour la jeunesse.
  • Création des opportunités pour le tourisme montagneux.
  • Développement et conservation de la biodiversité de l'espace montagneux.
  • Promouvoir les activités génératrices des revenus locaux.
  • Création des opportunités d'emploi pour la jeunesse.
  • Atténuer la dégradation des terres irriguées par des actions adéquates contre l'érosion.(réparation le lit de cours d'eau de la vallée et boisement des bords à côté).
  • Les terres montagneuses en pente sont peu fertiles, il est souhaitable de remplacer les céréales par des arbres fruitiers adaptés au climat de la région.
  • Préservation du patrimoine forestier.

Équipements réalisés:

  • Électrification du village.
  • Approvisionnement du village en eau potable par des tuyaux en plastique provenant des sources voisines.
  • Construction d'un haut réservoir d'eau potable à Ɛamrous.
  • École primaire (batiment presque abandonné).
  • Dispensaire (batiment presque abandonné).
  • Élargissement de la route provinciale n°5125 menant à Beni Bouraïs sans la goudronner.(distance: 16 km).
  • Achat d'un tracteur agricole et ses accessoires.
  • Achat d'une machine batteuse à poste fixe.
Ces machines agricoles sont utilisées collectivement selon les besoins et la facilité d'accès aux terres agricoles. Parfois, le désaccord surgit sur l'utilisation de ces machines, et les intérêts sociaux sont perturbés à cause de cela.
Malgré ces modestes réalisations, qui ne représentent qu'un faible pourcentage des besoins de la population, Beni Bou Illoul vit toujours dans un monde arriéré où elle lui manque de nombreux moyens sociaux, économiques et autres.

Développement de la  région avec des arbres fruitiers: 

État des terres agricoles:
  • Statut juridique des terres: collectif.
  • Superficies limitées des terres arables.
  • Petite taille des terres exploitées et faible production.
  • Les terres montagneuses sont peu fertiles.
  • L'érosion des sols.
  • Migration, négligence et non-exploitation.
  • Terrain accidenté et climat rigoureux.
Solutions proposées:
  • Création d'une coopérative agricole afin que les membres de son bureau puissent négocier avec les autorités concernées et avec les différentes administrations publiques.
  • Respect des lois applicables pour bénéficier des subventions accordées par l'État aux agriculteurs.
  • La production des cultures traditionnelles est très faible, il est donc préférable de les remplacer par des arbres fruitiers adaptés au climat de la région.(prunier, noyer, amandier, pommier).
  • Soumettre un dossier d'obtention des plants d'arbres fruitiers aux services concernés.
  • Plantation des arbres fruitiers est une solution utile pour les résidents.
  • Soin et entretien des superficies implantées pour atteindre l'objectif souhaité.
  • Le boisement est l'un des moyens de préserver les terres et de prévenir l'érosion des sols.
  • Création des coopératives apicoles.

Ait Waraïn et le colonialisme français:

Époque coloniale de Beni Bou Illoul:

La ville de Taza était considérée comme l'un des objectifs stratégiques les plus importants du colonisateur français. C'est ce que dit le maréchal Lyautey: Taza avant tout, et c'est sur cette base, le colonisateur français a envahi la ville de Taza et les tribus voisines Ait waraïn et autres afin de les soumettre, mais ces tribus ont formé une alliance entre eux pour résister à la présence coloniale dans la région. Des guerriers auraient, selon certains rapports militaires, mené à bien des opérations qui auraient entraîné la mort d'un grand nombre de soldats et d'officiers ennemis. La résistance féroce infligea de lourdes pertes au colonisateur. 

En mars 1922, les directives du maréchal Lyautey confirmaient que la campagne de 1923 devait viser principalement la zone rebelle appelée Tache de Taza, qui ne serait éliminée que par des moyens militaires que le Maroc ne verrait pas après 1923. Ce "patch" s'étend dans le moyen Atlas. Au sud de la ville de Fès sur environ 60 km, sur une distance d’environ 150 km et une largeur d’environ 60 km. C'est une région pittoresque qu'une ceinture de postes et de grands villages :Tamjout, Berkine, Tsiouant, Tilmirat et Ahermoumou, limite parfaitement. Les Français ont nommé cette région : La Tache de Taza


À ce propos, le maréchal Lyautey a dit: Je comprends que les efforts politiques volontaristes n’ont pas produit les résultats escomptés. Nous avons épuisé nos forces. En tournant autour des montagnes, toutes les opérations que nous entreprendrons des deux côtés de ces montagnes seront dotées de ressources considérables, non négligeables. Cependant, le but que nous recherchions est de pénétrer dans ce nid dangereux rempli de guêpes formées par ces montagnes rebelles. Nous ne cherchons pas à asservir ni à détruire une race fière qu'il nous faut respecter (berbère): il existe des exemples de ce type de colonialisme, mais ils ne sont pas des exemples français. Nous voulons juste établir l'ordre, la sécurité et la paix dans tout le Maroc. Utile au sens économique, politique et militaire. Lorsque l'esprit farouche de l'indépendance des Amazighs, leurs instincts tentants, ou souvent leur très étrange concept d'honneur, nous empêchent d'atteindre cet objectif. 

Le maréchal Lyautey a dit que le contrôle de Taza n’est exercé qu’après le contrôle des tribus Ait waraïn. Il s’appuyait sur la politique dite les terres brûlées. Il a donné l'ordre de bombarder avec des troupes supplémentaires d'Algérie et des armées des colonies africaines du Sénégal (légion étrangère) par les avions, les canons et les fusils dans le but d'instiller la terreur dans le cœur des opposants et des poignets formés d'Ait waraïn et des tribus alliées. Il a ensuite bombardé ces fractions rebelles et imposé des sanctions économiques et des pillages.Les Ait Bouyloul ont perdu plus du tiers de leurs troupeaux du fait du blocus systématique inauguré à leur encontre par les avant postes, et qui visait à leur interdire de façon absolue toute espèce de déplacement saisonnier. Ces opérations ont conduit à la soumission de tous les villages de la région (tache de taza), y compris les Beni Bou Illoul, dont l'effectif s'élève à 1.600 famille, ont versé 1.200 fusils. À cette époque, le village de Beni Bou Illoul se compose de deux entités (2 ksour) comprenant 80 maisons,  les Beni Smint et Beni Bouraïs ont 50 maisons.(revue afrique française 1913).

Campagnes de prosélytisme: 

La politique coloniale française s'est appuyée sur la pénétration du terrain pour connaître l'état de la société marocaine, en recrutant un nombre important de religieux missionnaires et de voyageurs chercheurs, et ils ont fourni des rapports descriptifs détaillés sur la vie des Marocains qui surveillent leurs modes de vie et leurs différents points de vue sur la vie en captant rapidement l'information. Ainsi, on constate qu'il y a une main qui colonise et une autre mène la campagne d'évangélisation et de christianisation. La tribu de Beni Bou Illoul et toutes les autres tribus marocaines n'ont pas été épargnées par les campagnes d'évangélisation lancées par le colonialiste français pour Changer et déformer le comportement de la société.

La tribu de Beni Bou Illoul est également l'une des zones ciblées par les campagnes d'évangélisation chrétiennes visant à saboter et à détruire la société, comme l'émergence du mouvement El Bahlouli qui a été éliminé en le tuant et en brûlant son corps à Ighazrane. En outre, un dénommé El Harek a pénétré dans la région, il s'y est installé de manière détournée en affirmant qu'il ne craignait rien et qu'il était le Mahdi attendu qui serait ressuscité à la fin des temps, et il a pu engourdir l'esprit des habitants et fasciner de nombreuses personnes jusqu'à ce que certains d'entre eux abandonnent leurs terres agricoles et leurs filles en sa faveur. Il a finalement été liquidé en raison de ses actions contraires à l'islam. Et il y a un autre récit qui dit qu' une autre personne a pénétré dans la région appelée Baydir, c'est un homme chrétien, trompeur, magicien, sorcier, diabolique et immoral, ses cheveux sont épais, bouclés et longs, Il est entré dans certains villages et a parcouru ses ruelles, utilisant des méthodes et des dictons étranges pour tromper les habitants, affirmant qu'il possédait la sagesse et la capacité de tout réaliser, et il a passé un certain temps à pratiquer ses actes honteux afin de changer le comportement et les coutumes de la société jusqu'à ce qu'il disparaisse, peut-être qu'il a été tué ou déplacé vers un autre endroit. (M. Najy) 

Impressions Marocaines:

Au sommet de ces pentes abruptes, couronnées de cèdres décharnés, ce sera la soudaine découverte d'un précipice, dont une pierre, roulant sous vos pas, fera gronder les échos. A vos pieds, la plaine tourmentée, entourée d'un cirque de monts, la plaine nue, inhospitalière, criblée de pierrailles. Il fallait, pour vivre au milieu de cette nature, un peuple d'une rudesse peu commune. Il fallait des hommes comme les Ighezranes, les Beni Waraïn, les Marmoucha, les Aït Youb, les Aït Alaham, les Beni Bahr, les Aït Lahcen, les Beni Bou Illoul, ceux du pays Zeggout. Il fallait des êtres habitués aux privations, aux dangers,aux fatigues de toute sorte. 

Il suffit de les voir d'ailleurs pour se rendre compte qu'ils sont armés pour cette bataille perpétuelle que présente pour eux la vie journalière. Ils ont des visages énergiques; le crâne est rasé, seules quelques mèches de cheveux bouclent contre les tempes; les yeux ont des éclairs cruels, profondément enfoncés dans l'orbite; le nez part d'un front étroit et se courbe en bec d'aigle sur une lèvre mince et contractée au-dessus du menton. Ils portent la moustache étroite et le mince collier de barbe du guerrier de la montagne. Le masque, plus bronzé que celui des hommes du front africain, s'accuse de méplats et de rides précoces qu'on dirait burinées par toutes les souffrances de cette vie de rapine, de vols et de combats. 

Le corps, à demi-nu, joue librement sous les djellabas amples et haillonneuses. Ils sont maigres, mais leur maigreur n'enlève rien à leur souplesse et à leur force. Les muscles sont solides, longs, sans bourrelets inutiles, prompts aux détentes brusques. Les jambes surtout sont magnifiques, puissamment construites, jambes de coureurs et de grimpeurs, cuisses ramassées, genoux étroits, jumeaux énormes. Préparés par atavisme au combat, ils vivent pour se battre, ils se battent toujours et contre tout. Ils se battent contre le sol, contre le climat, ils se battent de tribu à tribu, de village à village entre hommes, souvent. (Dr. Michel Idrac) 


Les habitants des régions montagneuses sont habitués aux privations aux dangers et aux fatigues de toutes sortes.











google-playkhamsatmostaqltradent